Selon le réalisateur Christophe Gans, « Aucun film n’est aussi puissant que The Last of Us Part II »
Contre celles et ceux qui voudraient hiérarchiser les arts, faisant du jeu vidéo un simple pis-aller face au septième art, l’un des grands noms du cinéma français a son mot à dire. Soulignant les qualités de The Last of Us Part II, Christophe Gans tend à enterrer l’opposition cinéma -vs- jeu vidéo.
Le jeu vidéo et le cinéma sont deux arts qui partagent de nombreux points communs. En effet, nous sommes loin de l’époque des bornes d’arcade où l’unique objectif était d’avoir le meilleur score. Certes, le genre du « scoring » est encore présent aujourd’hui dans certains titres, mais le jeu vidéo a énormément évolué en la matière.
De nos jours, le jeu vidéo a emprunté pas mal de codes du cinéma, souvent pour véhiculer un message par le biais d’un scénario émotivement fort, avec des personnages attachants qui subissent moult développements lors de leur périple d’une dizaine d’heures.
À l’occasion de la ressortie en version 4K au cinéma du film Le Pacte des Loups, Christophe Gans a accordé une interview très intéressante à nos confrères de CinéSéries. Il y évoque le fameux débat qui veut que le septième art soit meilleur que le jeu vidéo.
Comme exemple, il s’appuie sur l’un des studios qui s’est le plus inspiré du cinéma pour raconter ses histoires, lui rendre hommage et, enfin, transcender son propre médium : Naughty Dog.
Une méfiance de la communauté du gaming face aux adaptations
Christophe Gans se revendique d’une culture hétéroclite, puisant aussi bien dans les œuvres de chevalerie que le cinéma asiatique, la japanimation et le jeu vidéo. Cela aurait nourri son écriture pour Le Pacte des loups. Il en déduit que plusieurs lectures du film sont alors possibles selon la génération à laquelle on appartient ou la culture dans laquelle on baigne.
En y réfléchissant, il estime que le jeu vidéo et la japanimation appartiendrait encore au bastion de la « contre-culture ». Selon lui, c’est aussi ce qui expliquerait que « les fans de jeux vidéo n’accordent que très rarement leur confiance ou leur admiration à un film adapté d’un jeu vidéo ».
De fait, c’est un constat qu’on retrouve même chez des personnes qui adaptent des œuvres vidéoludiques. C’est le cas notamment de Craig Mazin, showrunner de la série The Last of Us (HBO), qui n’aime pas les adaptions de jeux en général – c’est aussi pour cela qu’il redoute les jugements face à son propre travail sur la série.
« Le cinéma n’est pas mieux que les jeux vidéo aujourd’hui »
En ce sens, Gans assume ne pas considérer qu’un art est supérieur à un autre. Il explique plutôt vouloir les mêler, en les prenant comme ils sont, dans les hiérarchiser. Cette vision des choses vient notamment du fait que, à ses yeux, on ne peut plus considérer que le cinéma est supérieur aujourd’hui.
Cela a été vrai à une certaine époque, mais ça ne l’est plus. Le cinéma n’est pas mieux que les jeux vidéo aujourd’hui. L’actualité des jeux vidéo est aussi importante, aussi profonde, aussi étonnante que celle du cinéma, parce que le cinéma a aussi perdu un peu de sa superbe.
Gans note combien les autres médias audiovisuels tendent actuellement à expérimenter et se surpasser davantage que le septième art. À ce titre, le jeu vidéo ne ferait pas exception pour lui.
[…] les grands mouvements esthétiques, aujourd’hui, on les trouve plutôt dans les jeux vidéo plutôt qu’au cinéma. […]. Je vois des choses bien meilleures dans le jeu vidéo qu’au cinéma.
« Il n’y a aucun film de cette puissance »
Pour appuyer son propos, Christophe Gans a un exemple particulier en tête : The Last of Us Part II. Selon lui, aucun film d’aujourd’hui n’est à la hauteur du dernier bébé de Naughty Dog. Alors, comme tous les fans, il attend avec impatience l’adaptation de la licence en série.
Quand j’ai joué à Last of Us Part II, je me suis dit : « Quel est le film, récemment, qui m’a donné ça ? Aucun ». Il n’y a aucun film de la puissance – et c’est pour ça que j’attends la série avec une certaine fébrilité parce que je me dis : « Ils vont adapter ça ! Incroyable ».
Gans explique que le deuxième volet des aventures de Joel et Ellie « est d’abord une extraordinaire histoire ». Il apprécie le fait que, dans le jeu, « le point de vue moral [soit] constamment en train de bouger ».
Moi, je ne vois pas beaucoup de films où mon point de vue moral est en évolution. Moi, je vois des films, généralement, je débranche ma tête, je regarde… ouais, bon… De temps à autre, il y a un ovni extraordinaire […]. Mais sinon, la plupart du temps, les trucs que je vois au cinéma, oui, c’est divertissant, mais ça n’a pas la puissance de certains jeux vidéo.
Les prises de position de ce type de la part de gens du milieu cinématographique ou cinéphile sont assez rares pour les relever. Ceci dit, les adaptations de jeux vidéo vont en se multipliant, avec une attention qui semble s’améliorer. Cette année, nous avons, par exemple, pu voir le film Uncharted. L’an prochain, ce sera au tour de la série The Last of Us et, à l’avenir, il se pourrait même qu’un film Jak and Daxter voit le jour !
Que votre vie soit longue et que votre temps de jeu soit grand ! Naughty Dog Mag’ vous souhaite une très belle fin de soirée.