The Last of Us | Jeffrey Pierce pensait qu’il incarnerait un autre personnage que Tommy
La technique fait, à n’en pas douter, partie des points forts de The Last of Us. Mais ce qui rend la licence culte, c’est bien sûr son histoire, servie par un talentueux casting. Bientôt dix ans après la sortie du premier jeu, Jeffrey Pierce (Tommy) a d’ailleurs encore des anecdotes à nous délivrer sur son expérience d’acteur sur le jeu.
Sorti en 2013, le premier The Last of Us est un monument du jeu vidéo aujourd’hui. Son succès critique et populaire a d’ailleurs inspiré une adaptation télévisée, que nous découvrirons en 2023.
Bien sûr, nous avons encore en tête toute cette histoire de voyage à travers les États-Unis (d’autant plus avec la sortie récente du remake). Mais le savoir-faire de Naughty Dog se constate d’autant plus fortement dans l’écriture des personnages.
L’acteur Jeffrey Pierce, alias Tommy Miller dans les jeux, est sans doute l’un des mieux placés pour en témoigner. Et c’est ce qu’il fait au micro du podcast Wayfarin’ Strangers, pour lequel il répond aux questions de Jack Sauer et Andrew Gormley.
Du casting à la motion-capture
Lorsque Jeffrey Pierce passe le casting pour The Last of Us, il a déjà une carrière bien entamée au cinéma et à la télévision, ainsi qu’en doublage. Mais ce qu’il va expérimenter avec cette première expérience de motion-capture vidéoludique est non seulement nouveau pour lui, mais aussi quelque peu rocambolesque…!
« C’est dans la poche » pour Jeffrey Pierce après l’audition
Pour Wayfarin’ Strangers, Pierce se remémore ce moment où il vient passer le casting pour le héros d’un nouveau jeu en développement par Naughty Dog. Vous l’aurez deviné, le comédien, connu pour son rôle de Tommy Miller dans The Last of Us, a, en fait, passer une audition pour… Joel !
Il se souvient bien s’être déplacé, avoir rencontré le réalisateur de l’époque, Gordon Hunt, ainsi que Neil Druckmann, alors seulement scénariste. Il est ensuite présenté à Ashley Johsnon, déjà retenue pour incarner Ellie. Tous deux font une lecture, de laquelle Pierce ressort clairement en se disant que le rôle de Joel est pour lui.
Aujourd’hui, sachant comment les choses ont tournées, cela le fait beaucoup rire d’y repenser.
Une erreur de casting ?
De fait, ce n’est qu’un an plus tard que son agent rappelle Jeffrey Pierce pour lui reparler du projet – un temps bien plus long que pour la télévision, où la production tient sur quelques semaines et non plusieurs années. Mais les nouvelles ont un peu changé : l’équipe ne veut plus Pierce pour jouer Joel, mais Tommy, son petit frère.
L’acteur revient donc passer un essai. Druckmann l’accueille désormais en tant que réalisateur du projet et, pour la lecture, Ashley n’est plus seule puisqu’elle est accompagnée de Troy Baker. Pierce rencontre celui qui immortalisera Joel Miller. Autant dire que son frère d’écran lui a fait une sacrée impression.
On s’est assis et on a lu l’arrivée à Jackson. Et quand j’ai rencontré Troy pour la première fois, je me suis dit « Oh ! Voilà un grand gars bien charmant… Je ne peux pas croire qu’ils aient pris à ma place ». Puis on s’est assis à la table de lecture. Troy a lu sa première réplique et je me suis dit « c’est pour ça que ce gars a eu le rôle ».
Pour Pierce, ce choix de casting est finalement une évidence. À ses yeux, le fait que Neil Druckmann vienne du monde du jeu vidéo n’y est pas pour rien. Grâce à ça, il est capable de projeter plus efficacement la voix d’un acteur sur un personnage sans tenir compte de son apparence.
Une affaire de connexion
Qui plus est, Pierce voit rapidement l’évidence entre Ashley et Troy. Les deux comédiens se connaissent déjà et font preuve d’une complicité naturelle.
Pour Pierce, ce n’est pas qu’il aurait été impossible de recréer ce genre de relation pour le jeu, mais ça aurait demandé tellement plus de temps, d’effort. Et cette connivence, Pierce la vit lui aussi avec Baker.
Troy et moi étions immédiatement des frères. C’était formidable de pouvoir explorer cette relation, puis de monter sur scène, de répéter, de revenir et de tourner les deux ou trois jours suivants.
Mais une scène en particulier fait sentir à Pierce l’ampleur du projet auquel il participe. Il s’agit d’une scène qui arrive assez tôt dans le jeu et pendant le tournage. Autant dire qu’à partir de là, le casting n’a pu que croire encore davantage dans le jeu.
C’était vraiment spécial. Et nous savions dès le départ… quand nous avons tourné la scène de la mort de Sarah… nous savions que nous réalisions l’impossible.
Alors, Jeffrey Pierce en Tommy ?
Si l’équipe a finalement proposé à Pierce le rôle de Tommy, c’est sans doute que quelque chose les a marqué durant son premier essai. Lui se dit que Druckmann a sans doute senti qu’il saurait apporter la « vulnérabilité » qu’il fallait à Tommy afin de créer un contraste avec Joel.
Pourtant, Pierce sait qu’il s’est montré relativement rude lorsqu’il a auditionné pour Joel. Quelque part, c’est probablement cette dualité intérieure qui lui a permis de donner sa matière au personnage de Tommy.
Je voulais qu’il soit comme blessé et qu’il ait encore un peu de vulnérabilité. C’est à partir de ça que je l’ai fait naître et c’est ce qui a nourri son identité jusque dans le deuxième jeu. C’est aussi la raison qui lui a permis de retrouver son côté le plus sombre ensuite.
Mais Tommy est aussi un personnage réconfortant dans cet univers par sa positivité et parfois drôle malgré lui. Alors lorsqu’on demande à Jeffrey Pierce sa citation préféré du personnage, il répond : « la pression atmosphérique ».
C’est une petite chose improvisée lorsque, dans The Last of Us Part II, Ellie et Tommy patrouillent pour nettoyer la montagne. Les deux personnages discutent de la présence des infectés dans la zone, alors Tommy essaie de se lancer dans une explication scientifique qui ne tient pas plus de deux secondes.
Comment Tommy aurait-il pu savoir ce qu’est la pression atmosphérique alors qu’il était assez mauvais à l’école ? Pierce n’en sait rien lui-même ; en fait, ce sont simplement quelques mots d’un vieux bulletin météorologiques des années 1990 qui lui sont revenus sur le coup et il les a dit, voilà tout !
S’épanouir en jouant
Outre le plaisir de jouer un personnage, Jeffrey Pierce semble avoir trouvé un sens plus fort à son métier au travers de la motion-capture. Il concède que le costume est assez « ridicule ». Ceci dit, il permet de faire abstraction de même que le permettent les accessoires et autres boîtes qui servent de décor, et ça, c’est très « libérateur » à ses yeux.
En fait, Pierce rappelle une différence évidente entre la performance devant la caméra ou un public et celle pour le jeu vidéo. Non seulement la motion-capture demande un engagement total, mais en plus elle se fait dans un effort commun et responsable. Eh oui ! Il s’agit de jouer les scènes en une seule prise, si bien que chacun donne le meilleur de soi.
C’est vraiment cette situation où tout le monde travaille ensemble ; vous n’attendez pas votre gros plan, vous ne vous économisez pas pour votre seule performance, vous essayez de donner tout ce que vous avez à chaque fois.
Le plus étonnant est que, à en croire Pierce, ce serait une méthode de travail beaucoup plus rapide que pour la télévision ou le cinéma. Mais, surtout, le comédien confie la fierté ressentie avec ce genre de journée de tournage. Au moins, il a le sentiment d’être payé pour faire son travail et non pour attendre son tour et de rester assis.
Jeffrey Pierce est aussi un joueur (de jeu vidéo)
Étant donné la sortie récente de The Last of Us Part I, ses hôtes ne pouvaient pas ne pas aborder le sujet. Ils ont donc demandé à Jeffrey Pierce ses impressions sur ce remake du premier opus de la licence. Et le comédien est assez bluffé par le jeu !
Il prend bien le temps de souligner les « milliers d’heures » que cela a dû demander ainsi que tous les savoirs-faire mobilisés. Mais l’effort en vaut la peine, donnant un rendu « incroyable ».
En outre, Pierce se rend compte à quel point son imagination magnifiait l’expérience de The Last of Us malgré ses graphismes de PS3, puis PS4 pour le remaster. Alors avec le saut technique opéré sur PS5, il a tout bonnement redécouvert le jeu comme si c’était la première fois.
Ça, pour moi, témoigne de ce que Neil, Bruce et tous les autres membres de Naughty Dog ont accompli avec cette narration dans le jeu, […]. Ce qu’ils ont construit est intemporel.
Voilà qui boucle la boucle. Ou presque ! De fait, nous pourrons à nouveau (re)découvrir la licence sous un autre œil grâce à la série TV qui sortira en 2023. Or, justement, Jeffrey Pierce lui-même se montre particulièrement élogieux vis-à-vis du projet (auquel il participe sous la peau d’un nouveau personnage).
Évidemment, nous attendons, nous aussi, la série avec impatience. Pour patienter ensemble d’ici-là, nous ne pouvons que vous inviter à suivre Naughty Dog Mag’ sur Twitter, Instagram, Facebook et Discord afin de ne rien manquer de l’actualité des Dogs.