The Last of Us HBO | Eben Bolter, directeur de la photographie, dévoile les coulisses du tournage de la scène des fraises
Le 29 janvier dernier sortait le troisième épisode de la saison 1 de la série The Last of Us (HBO). Fort en émotion, il comporte une scène déjà culte : celle des fraises. Pour Metro, le directeur de la photographie de l’épisode explique en quoi cette scène était un véritable pari technique.
La première saison de la très attendue série The Last of Us s’est achevée le 13 mars dernier en France. Parmi les épisodes les plus marquants, le troisième est à la fois une parenthèse enchantée et déchirante.
Vous vous en rappelez sûrement, il s’agit de l’épisode centré sur Bill et Frank, incarnés par Nick Offerman et Murray Bartlett. Tranchant avec le jeu vidéo initialement sorti en 2013, la série propose ici de raconter l’histoire du couple que forme les deux hommes.
Nous assistons ainsi à la rencontre entre Bill et Frank. Le premier est toujours aussi renfrogné et paranoïaque que dans l’œuvre originelle. Le second, que nous rencontrions qu’à titre posthume dans le jeu, se dévoile être un partenaire bohème. Contrairement à la version de 2013, ils ne connaissent pas la séparation. Ils vieillissent ensemble, essayant de préserver les plaisirs de la vie, comme celui de manger des fraises…
De fait, l’épisode met également en scène la rencontre du couple avec les contrebandiers que sont Joel et Tess, interprétés respectivement par Pedro Pascal et Anna Torv. Les deux duo se mettent d’accord pour commercer ensemble. Cela donne l’occasion à Frank d’obtenir des graines pour faire pousser des fraises. Il réserve la surprise à Bill, qui la savoure plus tard avec délice.
Futile en apparence, cette scène de dégustation dans le potager souligne en réalité l’importance des petits plaisirs. Le simple fait de manger des fraises près de vingt ans sans avoir pu le faire provoque chez Bill une émotion qu’on n’aurait pas soupçonnée chez un homme robuste comme lui.
Pour retransmettre l’innocence de ce moment, l’équipe de tournage devait travailler en extérieur et parvenir à capter la lumière du jour au meilleur moment. Or, cela n’était pas des plus simples à réaliser. C’est en tout cas ce que révèle Eben Bolter, le directeur de la photographie, à Metro UK.
Cherchez la lumière
Pour un tel moment d’intimité, de connexion et de candeur, l’équipe de HBO tenait à réaliser une séquence à la hauteur de la beauté du moment. C’est pourquoi le « soleil couchant » a été choisi comment étant le meilleur moment pour immortaliser la scène.
Cependant, il fallait s’assurer de pouvoir capter correctement la lumière naturelle du soleil. L’équipe a opté pour un endroit du décor où le soleil passerait en contre-jour. Mais cela impliquait forcément de circonscrire le tournage de la scène dans cet espace. Plus encore, il fallait le tout en peu de temps.
Nous avions une journée entière de tournage, 20 minutes pour nous préparer et 15 minutes pour tourner.
Il ne fallait pas espérer plus de trois prises dans ce temps. Et il n’était vraisemblablement pas question de prendre du retard en tournant à nouveau le lendemain. La pression était forte, le pari risqué.
Une organisation minutieuse
Comme on peut s’y attendre dans une telle entreprise, l’équipe s’est préparée pour que tout soit bouclé dans les temps. Après s’être assuré que tout le monde était d’accord avec un tel rythme, Bolter a donné ses instructions. Il confie notamment avoir demandé à ce qu’il y ait du pollen dans l’air, pour « plus de naturel et de magie ».
Bien sûr, il ne s’agissait pas véritablement de pollen. Bolter révèle le truc derrière cet effet de particules qu’on retrouve dans la scène ; il s’agit en réalité de plumes broyées préparées par l’équipe des effets spéciaux. Grâce au savoir-faire de celle-ci, une seule prise à suffit.
Mieux encore, tout s’est fait dans une telle fluidité qu’il restait du temps à l’équipe pour filmer quelques plans supplémentaires. Ce ne sont que de petits détails, comme des images des fraises à la lumière naturelle. Mais c’est aussi ce qui donne sa saveur à la séquence.
On aurait dit un film indépendant où tout le monde était sur la même longueur d’onde sur le plan créatif. En plus nous l’avons tourné de manière assez artisanale. On peut dire que c’est risqué, mais cela permet d’obtenir quelque chose de plus intéressant.
Les confessions d’Eben Bolster en disent long sur l’esprit de fabrication de la série The Last of Us. Même s’il s’agit encore d’une superproduction de HBO – ce qui a valu au réalisateur Kantemir Balagov de quitter le navire en route -, la production a laissé assez de latitude à ses équipes pour travailler à sa manière.
Quelque part, on retrouve aussi ici l’esprit de Craig Mazin et, surtout, de Naughty Dog. Le studio californien doit aussi sa réputation au fait d’avoir été fondé par des artisans de la programmation. Dans un souci d’homogénéité, nous ne pouvons qu’espérer que la saison 2 de la série suivra le même modèle.
Nous couvrirons évidemment l’actualité de la série The Last of Us et des productions Naughty Dog. Alors retrouvez-nous sur Twitter, Instagram, Facebook et Discord.