Naughty Dog | Andrew Gavin raconte comment JAM Software est devenu un « studio EA » en un coup de fil

Andrew ‘Andy’ Gavin se fend de nombreuses anecdotes concernant l’histoire des Dogs depuis plus d’un mois. Les quarante ans du studio qu’il a fondé l’auraient-ils inspiré ? En tout cas, l’entrepreneur, qui a quitté la niche phare de PlayStation en 2004, se souvient d’une ère dans laquelle Naughty Dog ne s’appelait pas Naughty Dog et où le studio aurait pu s’attacher à tout autre éditeur : Electronic Arts.

L’ambition aux racines de JAM Software

2024 a été une année de nostalgie pour Naughty Dog. Non seulement le studio fêtait ses 40 ans, mais cela faisait aussi 35 ans qu’il avait adopté ce nouveau nom. Il s’appelait auparavant JAM Software. Cette anagramme réunit les prénoms de ses deux fondateurs, Jason Rubin et Andy Gavin. Le “M”, quant à lui, renvoie à d’un troisième luron, un certain Mike ami des deux premiers, qui n’aura finalement eu qu’une place très éphémère au lancement du studio.

Pendant ces cinq ans qui ont précédé le re-branding du studio, la micro équipe de JAM Software enchaîne mine de rien les projets. Jason et Andy travaillent à deux, en parallèle de leurs études. Ils commencent à s’auto-éditer, si on peut le dire ainsi, avec Math Jam. Ce petit jeu de mathématiques conçu sur demande d’un professeur s’est vendu de main en main à une poignée d’exemplaires. Mais les deux garçons, encore adolescents, ne manquent pas d’ambition !

Leur deuxième production aura déjà un éditeur, Baudville. La petite entreprise de Grand Rapids (Michigan) commercialise deux titres de JAM : Ski Crazed et Dream Zone. Cela permet au duo de goûter un nouvel aspect commercial et de se prendre à rêver de grandeur ! Comme le rapporte Andy Gavin dans un post sur LinkedIn, ils se sentaient « frustrés de ne pas voir [leurs] jeux dans les magasins ». Même si la collaboration était appréciable, ils ont décidé de voir plus grand.

Un coup d’audace pour joindre Electronic Arts

Gaëtan Boulanger, l’auteur de L’Histoire de Naughty Dog a pu s’entretenir avec Andy Gavin en 2019. Le co-fondateur du studio lui avait rapporté que « Jason et [lui] étaient trop ambitieux » pour Baudville. C’est pourquoi ils ont décidé de se tourner vers l’éditeur qu’ils considéraient être « le meilleur » à l’époque : Electronic Arts. Nous sommes alors en 1987 et le géant d’aujourd’hui n’a alors que cinq ans, mais son nom est déjà gage de qualité grâce à des titres comme Archon ou M.U.L.E. Mais cela n’effraie pas le binôme de JAM Software. Dans son post, Gavin raconte :

J’ai pris le téléphone et j’ai appelé EA.

À l’époque, EA n’était pas encore cotée en bourse. Mais c’était déjà l’un des plus grands noms de l’industrie du jeu. Quelqu’un a répondu et, après avoir été dirigé vers un producteur du département « histoires interactives », je leur ai parlé de notre prochain jeu. Leur réponse ?

« Ça a l’air bien. Vous avez quelque chose à nous montrer ? »

Il a ensuite suffi d’envoyer une copie de Dream Zone pour qu’EA propose aux compères de JAM Software de financer leur prochain jeu. Cet accord à 10 mille dollars leur a permis de devenir des « artistes EA ». Ils débutent avec Keef the Thief, puis poursuivent la collaboration pour Rings of Power. Ce sont tous deux des RPG, mais avec une esthétique et un ton très différents l’un de l’autre, prouvant la capacité du studio à se renouveler. Et pour marquer ce tournant dans leur histoire, les deux jeunes développeurs rebaptisent leur studio « Naughty Dog ».

Naughty Dog a su se créer une chance

EA aurait bien continué avec les Dogs. Mais durant son entretien avec Gaëtan Boulanger, Gavin ne cache pas l’arrogance dont ils faisaient preuve avec Rubin. Ils étaient très soucieux de préserver leur vision, c’est pourquoi ils ont finalement décidé de redevenir indépendants pour leur jeu suivant. Mais l’histoire sait déjà comment les choses se sont déroulées.

Après cet autre jeu en solo, Way of the Warrior, l’équipe grandissante lance Crash Bandicoot, le premier pas vers PlayStation. C’est à ce moment que Naughty Dog a entamé une épopée ponctuée de succès, de Jak and Daxter à The Last of Us, en passant par Uncharted. L’avenir du studio s’écrira maintenant dans les étoiles avec Intergalactic: The Heretic Prophet.

Andy Gavin, lui, a quitté la niche à la patte rouge en 2004, après Jak X: Combat Racing. Avec son départ et celui de Jason Rubin, les deux amis étant partis en même temps, c’est une ère qui s’est achevée au sein du studio. Une nouvelle génération a pris la suite.

Mais Gavin se souvient toujours de son parcours chez les Dogs. Le lien avec PlayStation est un moment-clé pour la trajectoire du studio. Néanmoins, le rapprochement avec EA « a probablement été l’un des moments les plus importants [sa] carrière ». En définitive, la morale de cette histoire est qu’« il faut voir grand et tenter sa chance ! »

Photo de Christophe Balestra, Andy Gavin, Jason Rubin et Evan Wells dans les locaux de Naughty Dog en 2012.
(De gauche à droite) Christophe Balestra, Andy Gavin, Jason Rubin et Evan Wells dans les locaux de Naughty Dog en 2012. © Site officiel d’Andy Gavin

Saviez-vous que Naughty Dog avait travaillé avec Electronic Arts avant de rejoindre PlayStation ? Aimeriez-vous pouvoir jouer aux premiers du jeu ? Dites-nous tout ça en commentaire. Ne manquez enfin aucune actualité des créateurs de Crash Bandicoot et Jak and Daxter en nous suivant sur YouTubeX (Twitter)Facebook, Instagram et Discord.