Édito | La série The Last of Us, témoin d’une nouvelle ère pour les adaptations de jeux vidéo ?
La série The Last of Us était un projet très attendu par la communauté vidéoludique. Diffusée depuis le 15 janvier, les audiences sont largement au rendez-vous. Qui plus est, la critique encense cette production signée HBO. Outre la marque qui peut attirer le public, le procédé d’adaptation est aussi en cause dans ce succès.
En se lançant dans leur projet d’adaptation, Craig Mazin et Neil Druckmann avait un objectif en tête : briser la malédiction qui touche les adaptations de jeux vidéo. On ne peut que les comprendre, étant donné les critiques généralement miteuses que reçoivent les films et séries qui se sont frottés à l’exercice. L’espoir de faire recette sur le dos d’une franchise déjà établie suffit souvent à lancer un projet d’adaptation, mais on ne peut pas dire que cela suffise à motiver une attention particulière quant à la qualité.
Cela dit, une mutation semble être en cours. Certes, les notes sur Metacritic ne sont pas encore mirobolantes dans la plupart des cas. De ce côté-là, Naughty Dog ne peut pas se vanter d’avoir fait tourner la vapeur avec le film Uncharted, qui écope d’un 45/100 de la critique et d’un 6,1/10 du public. Pour autant, c’est à ce jour la 5e adaptation de jeu vidéo au monde au box-office.
C’est là, sans doute, qu’on remarque un changement. Si l’on prend le classement dressé par The Numbers, les dix adaptations qui ont le plus marché au cinéma datent tout au plus de 2010. Les joueurs et joueuses ont grandi et transmis leur passion. Le jeu vidéo touche un public sans cesse plus large. Surtout, le jeu vidéo attire le public en salles.
Et cela se constate également sur le petit écran. Nous avions pu voir les séries d’animation Arcane: League of Legends et Cyberpunk: Edgerunners faire sensation sur Netflix. Désormais, c’est au tour de The Last of Us de s’imposer sur HBO et les plateformes partenaires (Prime Video pour la France). Et cette transposition de la licence de Naugty Dog n’a pas à rougir face à ses prédécesseuses. Celles-ci ont obtenu l’exacte même notation sur Rotten Tomatoes, à savoir un 100% de la part de la critique et un 96% du public, là où The Last of Us ne brille pas moins avec ses 97% et 91%.
Au-delà des notes, ce sont encore les audiences qui sont au rendez-vous. La série co-produite par HBO et PlayStation Productions fait la prouesse d’attirer chaque semaine de plus en plus de personnes. Ce ne sont certainement pas les trolls du web qui auraient parié dessus. Combien de tweets ont moqué le casting et crier au scandale face à un ‘wokisme’ visiblement insupportable ? Une fois de plus, la réalité démontre que le fiel du web n’est, le plus souvent, qu’une tempête dans un verre d’eau.
Bien sûr, on peut s’interroger sur les directions prises pour cette adaptation. Mais il est difficile de s’attaquer à la distribution tant elle est convaincante. La narration poserait plus de questions. L’équilibre est encore balbutiant entre la volonté de plaire aux fans et celle de toucher un public plus large. Je ne nierai pas que le clin d’œil des plus basiques à Ish et la rapidité avec laquelle la séquence de l’université a été expédiée m’ont passablement frustrée. Mais, dans le même temps, la série sait me surprendre et m’emporter avec elle.
Même s’il est encore tôt pour émettre un avis définitif sur cette première adaptation de The Last of Us, on ne peut que reconnaître la réussite globale de la série. Cette nuit sortira le septième épisode, marquant le début du dernier acte pour la série qui aura adapté avec panache le jeu de 2013.
Tout de même, il y a bien un constat : le résultat est aux antipodes du film Uncharted. Celui-ci, bien que sympathique, se perd entre fan service et réécriture. La raison à cela ? Oh, il n’y en a pas qu’une ! Mais la plus évidente est simple : la méconnaissance de la licence en l’absence de l’absence de Naughty Dog à la barre, contrairement à The Last of Us.
Quand la maison-mère met la main à la patte, nous avons des raisons d’avoir foi dans le projet. J’ai moi-même eu la chance de grandir avec les séries Pokémon et Wakfu. D’ailleurs, le film Mewtwo contre-attaque reste une de mes madeleines de Proust et j’apprécie ce qui a été fait avec Detective Pikachu, plus mature que sa version vidéoludique tout en restant familial. J’ai aussi fait mes armes aux jeux grâce Mario sur ma petite Game Boy Color. Je ne peux alors qu’être enthousiaste face à la promesse du nouveau film Super Mario Bros. Puis, même sans être très familière de l’univers de League of Leagends, je suis conquise par Arcane.
En se lançant d’un commun accord dans ce projet, Craig Mazin et Neil Druckmann partaient sur une base solide : le premier est un vétéran de la télévision fan de la licence, le second en est tout bonnement le co-créateur. Tous deux, sous la chape de HBO et PlayStation Productions, se sont entourés d’une équipe de choc. Je pense à Gustavo Santaolalla qui signe à nouveau la musique. Il y a également le studio Elastic derrière le générique. Mais je pense aussi aux Gower et à toutes les petites mains qui ont permis de concrétiser cette première saison.
Désormais, il ne reste plus qu’à attendre le dénouement. Je ne peux dès lors que souhaiter une fin maîtrisée à cette série The Last of Us. La conclusion doit amorcer au mieux le passage à la deuxième saison, déjà officialisée. La malédiction des adaptations de jeux vidéo a bien été brisée, pour cette fois. Il serait donc dommage de ne pas transformer l’essai. La survie à tout prix, n’est-ce pas ?
— Édito proposé par Aur.