The Last of Us HBO | Des infectés aussi effrayants en vrai que dans la série

La série The Last of Us de HBO est diffusée depuis le 16 janvier sur Prime Video en France. Elle met en scène un groupe de personnages navigant dans un monde post-apocalyptique. Dans leur périple, ils doivent faire face à des créatures peu rassurantes… Et d’après le casting et l’équipe de tournage, celles-ci seraient tout aussi effrayantes en coulisses !

Cela fait maintenant trois semaines que nous suivons, sur Prime Video, les aventures d’Ellie et Joel dans une Amérique post-apocalyptique où un parasite, le cordyceps, fait des êtres humains des infectés redoutables…

Adaptée des jeux The Last of Us, la série se doit de retranscrire l’horreur qui se dégage de ces créatures. Délaissant même l’action, nous pouvons dire que qu’elle tend à renforcer la peur qu’elles suscitent. Justement, les équipes de HBO et Naughty Dog reviennent sur leurs secrets de fabrication.

Concept art du premier The Last of Us. Dans une pièce sombre d'un bâtiment visiblement abandonné, trois claqueurs se penchent chacun dans une direction différente. On devine qu'ils s'orientent tous grâce aux sons qu'ils émettent. Leurs vêtements sont en loques. Ils doivent être là depuis longtemps.
Concept art de claqueurs, réalisé par Hyoung Taek Nam pour le premier opus de The Last of Us.

Imaginer les infectés à partir du cordyceps

Sur le site de Naughty Dog, le responsable du contenu éditorial Jonathon Dornbush revient sur la création originelle des infectés et, plus spécifiquement, des claqueurs. Il faut dire que ceux-ci étaient au cœur du deuxième épisode de la série The Last of Us. C’était par conséquent l’occasion d’aborder le processus qui a donné vie à l’un des infectés les plus menaçants du lore.

Il s’agit du troisième stade connu d’évolution après contamination par le cordyceps. Son design a été pensé avec l’idée générale qui a conditionné la création des infectés : « se différencier des zombies » – sous-entendus “traditionnels” – en adoptant une « approche nouvelle », pour reprendre la formulation de Neil Druckmann, co-créateur de la licence et co-showrunner de la série.

Hyoung Taek Nam a imaginé la manière dont le cordyceps evoluerait autour d'un infecté mort. On peut voir le dit infecté assis contre un mur. Le champignon s'est développé s'est alors répandu sur le mut.
Concept art d’un infecté mort, réalisé par Hyoung Taek Nam pour le premier The Last of Us.

 Il semble que le travail du concept artist Hyoung Nam a alors été décisif. Pour Druckmann, sa proposition basée sur des « excroissances fongiques » a permis de trouver la voie à suivre. Comme l’explique le directeur artistique Erick Pangilinan, l’idée s’est arrêtée autour de l’apparence-même du cordyceps. La floraison faciale du claqueur s’est tout de suite révélé être un moment important dans le design des infectés.

Du concept vidéoludique au maquillage de télévision

Alors quand il s’est agi de transposer les créatures emblématiques de la licence The Last of Us à la télévision, les équipes de HBO et Naughty Dog ont favorisé les effets pratiques à la CGI, pour un rendu plus crédible.

Pour réaliser le maquillage des créatures, ils ont donc fait appels à une véritable référence en la matière : Barrie et Sarah Gower. , il est également le créateur derrière les marcheurs blancs de Game of Thrones (HBO) ou encore de Vecna dans Stranger Things (Netflix).

Barrie Gower, crédité ici en tant que ‘prosthetics designer’ (“concepteur de prothèses”), se dit très reconnaissant pour cette expérience. Il a d’ailleurs partagé sur Instagram plusieurs créations d’infectés. Sur son premier post, où il montre ce qui s’apparente à un rôdeur, il explique que l’équipe a pu travailler sur « des centaines et des centaines de personnages à plusieurs stades différents d’infection au cours de la saison ».

Sur son second post, publié hier, il donne à voir le processus de création d’un buste de claqueur. C’est également l’occasion pour lui de remercier les artistes et techniciens qui ont collaboré à ce projet à ses côtés.

Ce genre de partage donne un aperçu du travail réalisé. Si vous êtes curieux de comprendre encore mieux comment ce genre de création prend vie, nous avions consacré un article au travail de Romain Houlès, qui s’était attelé à la confection de son propre buste de claqueur.

Plus qu’une apparence, un corps à animer

Une fois le design arrêté, vient le temps de donner concrètement vie aux infectés. Là encore, la gestuelle du claqueur est très identifiable et singulière. Bryant Wilson, responsable de l’animation des cinématiques chez Naughty Dog, évoque comment cette mise en mouvement a été pensée afin de donner l’impression d’un corps dirigée malgré lui :

C’est presque comme s’ils étaient ‘marionnettisés’ par ce champignon à l’intérieur de leur cerveau.

Il était évidemment essentiel de retrouver cette même sensation à la télévision. Dans ce but, les comédiens jouant les infectés ont travaillé avec un chorégraphe spécialisé.

Séquence du musée dans l'épisode S01E02 de la série The Last of Us (HBO). Le plan adopte la vue de Joel, à la manière d'un FPS, visant un claqueur de son fusil.
© The Last of Us (HBO). Saison 1, Épisode 2 ‘Infected’.

L’enjeu était ensuite de donner une voix à ces créatures. Phil Kovat, responsable du son sur le premier The Last of Us (2013), se souvient du processus créatif. Il était clair qu’il fallait « utiliser autant que possible des sons humains ».

Sur les quatre ou cinq personnes engagées pour trouver le son que produirait les claqueurs, seule l’actrice Misty Lee est parvenue à produire le son évident. Kovat s’est alors lui-même prêté au jeu et, ensemble, ils ont donné leur voix à ces infectés aveugles, l’une se chargeant des claqueurs femelles et l’autre des mâles.

Portrait de Misty Lee au travail. Elle porte un casque et un micro d'enregistrement est installé devant elle avec son texte sur un pupitre.
Misty Lee en 2018, en enregistrement pour le jeu Guild Wars 2.

Avec l’équipe chargée du son, ils ont ainsi pensé de véritables dialogues de claqueurs. Cela permettait de coller aux différentes attitudes définies par l’équipe d’animation. Ce faisant, Naughty Dog s’est montré à la hauteur de sa réputation jusqu’au-boutiste dans le sens du détail.

Faire naître la peur

Une fois les infectés conceptualisés, tout l’enjeu est de les mettre en scène. Comme Bryant Wilson le rappelle, la première confrontation avec un claqueur est frontale dans le jeu : surgissant hors-champs, la créature se jette sur Joel, qui tombe au sol. De la surprise d’une proximité inattendue et dangereuse fait inévitablement naître la peur.

The Last of Us Part I. Joel est à terre, dans le noir. Un claqueur s'est jeté sur lui. On voit seulement ses mains autour du cou du claqueur, pour tenter de le repousser.
© The Last of Us Part I.

Dans l’article de Naughty Dog, Neil Druckmann nous fait réaliser qu’on se confronte davantage aux claqueurs dans les phases de gameplay que dans les cinématiques. Et la raison à cela est simple : ces rencontres appellent à l’action, donnent envie de jouer et, de ce fait, « permet de ressentir la menace ».

Mais quand il est question de la série, l’interaction n’est évidemment plus la même. Pour Druckmann, il faut alors faire preuve de « retenue ». Lui qui s’est essayé à la réalisation pour le deuxième épisode de la série semble avoir retenu une leçon digne d’un maître de l’horreur comme John Carpenter, estimant que :

Quand quelque chose est aussi effroyable que ça, c’est pluseffrayant quand on ne le voit pas. […] C‘est plus effrayant, surtout dans ce médium, de voir la peur dans les yeux du personnage.

C’est pour cela que, dans ledit épisode, le claqueur se dévoile progressivement. On l’entend d’abord, puis on aperçoit sa silhouette. La caméra prend alors le temps s’arrêter sur les protagonistes afin de faire de nous les témoins de leurs réactions et d’entrer en connexion avec leurs émotions… jusqu’à tomber nez-à-nez avec la créature !

Dans la série The Last of Us (HBO), Joel (Pedro Pascal) et Ellie (Bella Ramsey) essaie d'échapper à un claqueur en sa cachant derrière un présentoir en étant accroupis.
© The Last of Us (HBO). Saison 1, Épisode 2 ‘Infected’.

Dans cette même idée, les infectés se font plus rares dans la série que dans le jeu. De cette façon, l’action se distille avec parcimonie afin de rendre ces rencontres plus marquantes. C’est en tout cas comme ça que le conçoit Craig Mazin, le second showrunner de la série.

Un casting réellement impressionné par les infectés

On peut le dire, le résultat à l’écran était plus que convaincant. Mais le public n’a pas été le seul à être impressionné par les infectés. Pendant leur campagne de promotion, plusieurs membres du casting ont confié avoir véritablement eu peur sur le tournage !

Pedro Pascal, le Joel de la série, a confié ses impressions à Rotten Tomatoes. Même s’il en parle en rigolant, reconnaît combien cela était « perturbant ». Il s’attendait à quelque chose de « brillant », mais pas que « ça ait l’air aussi vrai » pendant le tournage.

Anna Torv, qui succède à Annie Wersching dans le rôle de Tess pour la série, s’est également prêtée au jeu de l’interview. Elle a ainsi pu louer le travail des comédiens, qui ont longuement travaillé avec leur chorégraphe sur la gestuelle. Pour l’actrice, qui était pour la première fois confrontée à un claqueur de sa vie, c’était d’autant plus impressionnant et, surtout, « vraiment effrayant ».

Dans une autre interview, pour TheStar.com cette fois, Bella Ramsey (Ellie) a aussi partagé son ressenti face aux infectés pendant le tournage. Autant vous dire qu’on n’aurait sans doute pas aimé être à sa place.

[Les scènes avec les claqueurs étaient] si immersives que nous n’avons pas eu à faire beaucoup d’efforts ; il s’agissait de vrais acteurs avec de vraies prothèses… c’était très immersif et terrifiant. Nos réactions étaient bien réelles. C’était donc assez facile d’avoir peur.

Et dire que Naughty Dog a failli renoncer aux infectés pour ne proposer que des antagonistes humains… Eh oui ! Neil Druckmann lui-même que, s’il était clair qu’il y aurait des factions humaines à affronter dans le jeu, les infectés auraient bien pu être retirés du concept final.

Mais les différents artistes et auteurs ont finalement réussi à trouver une idée assez convaincante pour cette nouvelle licence post-apocalyptique. Un pari gagnant, qui a contribué à élever The Last of Us dans les hautes sphères du jeu vidéo et à s’adapter à la télévision pour toucher un public encore plus large.

Retrouvez la série The Last of Us sur Prime Video en France. Chaque lundi matin, un nouvel épisode vous y attendra. Et essayer d’affronter vous-mêmes les infectés dans le remake The Last of Us Part I, déjà disponible sur PC et accessible sur PC dès le 3 mars prochain.