The Last of Us HBO | Pour Eben Bolter, la série devait être naturelle, c’est pourquoi les infectés ne sont pas des “zombies”

The Last of Us (HBO) a amené un vent de fraîcheur dans le genre des séries survival horror. Certains n’ont pas hésité à la comparer à The Walking Dead, franchise de “zombie” par excellence. Néanmoins, Eben Bolter, le directeur de la photographie, a tenu à la différencier la série de par son caractère plus réaliste et naturel.

Attention, cet article comprend des spoilers liés à la saison 1 de The Last of Us (HBO).

The Last of Us (HBO) n’est pas une « série de zombies ». Cette qualification hérisse, encore aujourd’hui, les poils des fans de la licence. Au point même que les showrunners Craig Mazin et Neil Druckmann ont interdit l’utilisation du mot « zombie » sur le tournage de la saison 1. Ainsi, Eben Bolter, le directeur de la photographie des épisodes 3 à 6 de la série, a confié à nos confrères de The Credits qu’ils ne voulaient pas considérer les infectés comme de simples monstres pour planter le décor. Au contraire, ils devaient être le fil rouge de l’intrigue.

Cette première apparition d'un claqueur dans la saison 1 montre l'étendu de la dangerosité des infectés
Cette première apparition d’un claqueur dans la saison 1 montre l’étendue de la dangerosité des infectés. © HBO

Mais pour que le spectateur ressente ce que pensent les personnages, il faut qu’il soit complètement immergé dans leur tête. C’est alors qu’est ressorti l’intérêt de jouer avec la nature et le matériel pour comprendre le point de vue des héros. De l’ambiance à l’atmosphère, tout a été réfléchi.

Eben Bolter a pensé une ambiance immersive au service de la série

Pour appuyer le côté horrifique du show, il est nécessaire que le public s’identifie un minimum à l’environnement. Certes, l’environnement est désormais post-apocalyptique, mais certains de aspects du monde moderne sont encore présents. La lumière du soleil et de la lune se mélangent avec l’éclairage des générateurs défectueux par exemple.

Je voulais m’appuyer sur ces imperfections et faire en sorte que la lumière paraisse sale, mélangée, désordonnée et sauvage.

De plus, il suffit parfois d’un petit détail dans le décor pour faire comprendre une scène. Dès lors, sans besoin de tout expliciter avec lourdeur.

À travers la lumière du soleil qui apparait sur la nappe, on comprend l'état d'esprit dans lequel se trouve frank et BIll © HBO
À travers la lumière du soleil qui apparaît sur la nappe, on comprend l’état d’esprit dans lequel se trouvent Frank et BIll © HBO

De plus, pour appuyer ce côté plus naturel et presque documentaire, il a été décidé de filmer le plus possible avec une caméra à l’épaule. Ce choix, on le doit à la directrice de la photographie Ksenia Sereda. Elle l’avait mis en place dès l’épisode 1.

Il repose sur un bras Steadicam, supprime le rebond de l’épaule et permet à Neil Bryant, notre opérateur de caméra A, d’opérer sans aucun poids.

Dans la plupart des films ou séries de zombies, le but des personnages est uniquement survivre. Dans The Last of Us (HBO), ce sont les infectés qui sont au service du développement des personnages. Eben Bolter prend l’exemple de l’épisode 3 où l’on comprend comment le comportement d’Ellie à leur égard évolue.

Ellie entend un infecté coincé sous des décombres. Au début, elle a peur, mais ensuite on la voit prendre confiance en elle, ouvrir l’infecté et regarder les fibres. Grâce à cet intérêt, on voit ce que l’infecté signifie dans la vie d’Ellie.

Des infectés plus humains et crédibles dans The Last of Us

Un immense travail a été fait pour donner aux infectés un rôle central dans l’évolution de l’histoire et la psychologie des protagonistes. En effet, ils servent, entre autres, à entraver la progression dans leurs aventures tout en leur permettant de se remettre en question. Le fait qu’ils soient toujours humains, d’un point de vue biologique, permet de donner plus d’impact à leurs actions.

Dans la série et le jeu The Last of Us, les infectés sont toujours vivants et ont une conscience. Ils ne sont simplement plus maîtres de leurs corps. Le Cordyceps se substituerait à leur propre volonté pour en prendre le contrôle.

D’ailleurs, la genèse de l’épidémie est aussi bien différente que celles des zombies. La plupart du temps, elle est rarement évoquée de manière aussi détaillée. Dans la saison 1 de The Last of Us (HBO), nous apprenons que ce serait un virus inconnu qui aurait infecté les cultures sud-américaines comme le blé, le maïs ou encore le soja.

Enfin, le champignon semble lier les infectés entre eux, à l’image de certains végétaux. De ce fait, ils sont plus intelligents, plus violents et agissent ensemble. Les zombies sont généralement solitaires et ne font qu’errer sans but précis. Ils ne peuvent pas muter et prendre de nouvelles formes.

Capture d'écran d'un spot TV de la série The Last of Us. Une femme porte une combinaison médicale hermétique en tenant de la main droite une pince, au bout de laquelle se trouve ce que nous devinons être une souche de cordyceps.
Cette souche mutante de Cordyceps est découverte et identifiée rapidement par la mycologue Ratna Pertiwi en Indonésie. © HBO

Et vous, trouvez-vous que les infectés vous permettent de vous sentir plus proches des personnages ? La présence d’infectés n’est-elle pas juste un prétexte pour nous questionner sur le rapport de l’existence humaine par rapport à son environnement ? Échangez avec nous en nous rejoignant sur nos réseaux sociauxYouTube, X (Twitter)Facebook et Discord.