The Last of Us HBO | La directrice de la photographie Ksenia Sereda commente l’esthétique de la série
The Last of Us (HBO) a su relayer fidèlement, à la télévision, l’ambiance du jeu éponyme. C’est grâce notamment à la directrice de la photographie Ksenia Sereda qui est à la manœuvre. À travers l’environnement et sa caméra, elle tente de nous transmettre le point de vue personnages qui composent la série.
De l’ombre jaillit la rayonnante série The Last of Us (HBO). Son univers un peu dantesque se définit par une nature très présente et un décor en ruine. Cet environnement contribue à focaliser l’attention des spectateurs pour mieux les immerger dans l’atmosphère. C’était l’objectif de Ksenia Sereda, la directrice de la photographie, qui s’est confiée chez nos confrères de Awards Radars et Y.M.Cinema Magazine.
Pour que les fans soit complètement subjugués, il était nécessaire de respecter le jeu originel The Last of Us. Fort heureusement, la Russe de 29 ans avait déjà testé le jeu. Elle voulait retransmettre à la télévision les mêmes émotions qu’avaient les joueurs.
Le choix de matériel pour capter les différentes scènes est primordial. Plus que l’aspect pratique pour la cameraman, cela lui permet de redéfinir l’approche globale du show. Ainsi, le réalisateur qu’elle accompagne peut mieux s’amuser avec ce qui l’entoure sans être contraint techniquement.
La volonté de Ksenia Sereda de respecter le jeu originel
Naughty Dog et le co-créateur de la licence Neil Druckmann tenaient à inclure certaines scènes à l’identique notamment dans la manière de filmer. On peut citer l’épisode 1 avec la scène de Nico Parker en voiture. Dans celle-ci, Sarah essaye de fuir la ville avec Joel et Tommy. Elle a été tournée en une prise unique et a demandé beaucoup de préparation en amont.
Une fois que nous avons trouvé le lieu, nous avons commencé à organiser des répétitions séparées pour les cascades. Elles n’ont pas eu lieu sur place, mais nous nous sommes arrangés pour trouver le bon mouvement de caméra afin que tout soit sécurisé avant de répéter avec les acteurs.
La directrice de la photographie a l’habitude des mondes dystopiques. Pour rappel, elle a déjà travaillé avec le showrunner Craig Mazin sur la série Chernobyl et le film Chernobyl: Abyss de Danila Kozlovski.
De plus, une des volontés de l’équipe est qu’on l’a regarde à travers les yeux des protagonistes pour comprendre comment ils arrivent à survivre dans ces conditions.
Il s’agit d’amitié et d’amour, et le plus important, ce sont les voyages des personnages. Une partie du plaisir du jeu réside dans l’interactivité avec les personnages, dans le fait de voir l’action de leur point de vue.
Une palette au service de l’ambiance
La sélection des couleurs et de la lumière se veut proche du jeu vidéo sans pour autant être une copie conforme. La force de l’adaptation est justement d’arriver à jouer avec ces décors.
Les scènes intérieures ont été conçues pour donner l’impression que la lumière se diffuse de l’extérieur vers l’intérieur. Nous éclairons les scènes à travers les fissures des murs, des plafonds ou même des fenêtres obstruées. Vous avez toujours l’impression que la lumière est tamisée, donc un peu plus sombre.
Ainsi, l’aspect apocalyptique de l’univers de The Last of Us se transpose dans la série par une présence abondante de la nature. Concrètement, cela se traduit par beaucoup de verdure, des lierres mais aussi « des couleurs plus chaudes, plus poussiéreuses et plus mousseuses pour les scènes extérieures » indique Ksenia Sereda. Le tout crée un contraste saisissant entre l’Ancien Monde industriel et la nature qui reprend ses droits.
À l’inverse, l’épisode 7 se caractérise, lui, par une explosion de couleurs. C’est d’ailleurs le seul où on peut apercevoir du rose et du jaune « flashy », un peu comme un conte de fées magique. La présence des arcades, du carrousel, offre aussi, d’une certaine manière, l’occasion aux personnages de s’évader de la dureté du monde.
Une technicité dans la manière de filmer
La directrice de la photographie Ksenia Sereda utilise une ARRI ALEXA Mini pour ses prises de vues. Elle se sert aussi d’objectifs Cooke S4/i 25 mm. Ce faisant, elle voulait pouvoir faire de gros plans plutôt que des plans très larges. Cela permet que la cameraman reste proche des personnages tout en préservant l’arrière-plan.
Je voulais également travailler dans la gamme des objectifs 25 mm -50 mm, le défi était donc le suivant : quel objectif ne déformerait pas les visages à 25 mm ; où puis-je venir avec un objectif large en gros plan sans être trop pop.
La scène du musée dans l’épisode 2 est un bon exemple. L’introduction du claqueur s’est faite en deux temps. D’abord, donner à entendre des sons de sorte que ceux qui ont joué au jeu puissent le reconnaître. Dans un second temps, ce sont les spectateurs qui devaient être surpris et effrayés.
D’autre part, le fait qu’il n’y a presque pas d’électricité courante dans la série est un atout considérable pour la mise en scène. On le voit lorsque Joel utilise sa lampe torche pour attirer notre attention. Dans cette pièce totalement sombre, cette source de lumière surgit comme pour souligner l’importance de l’infecté.
Les environnements de la série vous ont-t-ils bluffés ? Avez-vous eu les mêmes sensations que lorsque vous avez joué au jeu ? Échangez avec nous en nous rejoignant sur nos réseaux sociaux : YouTube, X (Twitter), Instagram, Facebook et Discord.
1 Commentaire
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PRODUCTION : Naughty Dog, PlayStation Productions
DISTRIBUTION : HBO
DATE DE SORTIE : 2023
NOMBRE DE SAISONS : N.C.
RÉALISATEUR : Kantemir Balagov
PRODUCTEURS : Neil Druckmann, Craig Mazin, Evan Wells, Carolyn Strauss
SCÉNARISTES : Neil Druckmann, Craig Mazin
Le travail réalisé sur la qualité de l’image est tout simplement proche de la perfection. On y retrouve avec brio toutes les émotions que nous avons vécu dans le jeu-vidéo. La mise en œuvre de ce monde apocalyptique avec ces bâtiments en ruine, cette nature qui reprend le dessus sur le monde civilisé construit par l’homme, ce coté humide avec mousses et champignons qui s’infiltrent dans les parties les plus exiguës des constructions, ce jeu de lumière qui pénètrent dans les bâtiments à travers les fissures comme vous l’évoquez dans ce billet, sont tout autant d’éléments qui nous plongent directement dans cet univers fascinant mais très peu accueillant dans le même temps.
Comme pour beaucoup d’entre vous, j’ai été fasciné par notamment les art book en lien avec The Last of Us, démontrant aisément que l’environnement est tout aussi important que l’histoire voire même les personnages. Il apporte une atmosphère particulière et a cette faculté de nous faire vivre des émotions en regardant simplement une scène dépourvue de personnages voire même de vie si ce n’est celle de la nature reprenant ses droits.
Dans cette merveilleuse série et cette première saison de Tlou, je pense qu’on peut dire avec sincérité que le travail réalisé par Ksenia Sereda fut à la hauteur du projet, à la hauteur des attentes et même au-delà. J’aime beaucoup lorsque vous évoquez le contraste saisissant entre le 7ème épisode et les autres en matière de couleurs vives, car justement ces couleurs nous permettent de poser un cadre sur une scène et d’en valoriser le message qui est passé.
Rien n’est fait au hasard dans le jeu tout comme dans la série, et c’est ce soucis du détail que nous aimons tant !