L’adaptation télévisuelle de la licence à succès The Last of Us n’a pas eu de mal à trouver sa place sur la scène internationale. Les audiences étaient au rendez-vous, d’abord grâce à une partie de téléspectateurs déjà joueurs. Mais tant par le casting que par les changements importants de réalisation, est-ce simplement une transposition du jeu de Naughty Dog ?

Attention, cet article comprend des spoilers liés à la série et aux jeux The Last of Us.

Depuis plus de deux ans, l’idée d’une série The Last of Us, tirée des jeux vidéo signés Naughty Dog, a vu le jour. Non sans un certain succès, celle-ci a suscité plusieurs interrogations de la part du public issus de la frange des joueurs dans un premier temps. Adaptation, d’accord. Mais encore faut-il savoir si celle-ci sera fidèle à l’œuvre initiale en tout point ou non. Étant fanatique de cette licence, je me suis posée la question.

Toutes les adaptations télévisuelles suscitent des interrogations. Logiquement, elles dépendent d’abord d’un autre support, souvent très apprécié de ses fans. C’est auprès de cette communauté que les réalisateurs prennent le plus de risques. En effet, elle peut être plus exigeante que des néophytes qui découvrent pour la première fois l’œuvre par le biais de la série.

Pour le jeu The Last of Us, l’œuvre est un subtil mélange entre une écriture des personnages très bien réalisée d’une part, un scénario qui questionne les émotions humaines telles que le sentiment amoureux, le désir de vengeance ou encore la tristesse suite à la perte d’être chers d’autre part. C’est d’autant plus compliqué de trouver le bon équilibre pour une adaptation. Comme la série de HBO s’en sort-elle ?

Sur la voie d’une adaptation tv pour The Last of Us

Ce projet d’adaptation commence bien chez HBO. Dans les têtes d’affiches qui le prennent en main, on remarque de nombreux talents issus de Naughty Dog. Elles connaissent donc The Last of Us sur le bout des doigts.

Mais dès le départ, pour choisir le casting, les équipes s’écartent d’une adaptation copiée/collée. Ils choisissent Bella Ramsey non pour sa ressemblance physique, mais pour son jeu d’acteur. Je l’avoue, c’est une des premières décisions que je n’ai pas comprises dans un premier temps, étant très attachée à la version originale d’Ellie. D’ores et déjà, plusieurs interrogations me sont venues à l’esprit.

Bien que la première saison se déroule plutôt selon le bon ordre chronologique, elle marque déjà des changements vis-à-vis du jeu. Je pense notamment à l’épisode 3 qui permet de creuser la relation entre Bill et Frank, mais aussi avec la fin de la saison 1 qui introduit un caméo d’Ashley Johnson, l’interprète originale d’Ellie.

Dès le début, je me suis alors posée une question : mais est-ce vraiment une adaptation au sens strict du terme ? J’avais tout de même beaucoup de hype concernant la saison 2 The Last of Us, que j’ai pu voir en avant-première par chance. Or, après le visionnage de premier épisode, mes craintes se sont révélées justes : le personnage d’Ellie n’était pas correctement représenté pour moi.

Des modifications scénaristiques loin d’être anodines

Ce qui m’a également poussée à la réflexion concernant mon point de vue sur cette version de The Last of Us ont été les différentes alternatives scénaristiques. Mais qu’apportent-elles ? Changent-elles la définition même de ce qu’on entend par ‘adaptation télévisuelle’ ? Au fur et à mesure, ma vision sur la série a évolué. J’ai d’abord réagi sur les choix de casting, mais in fine ces changements sont apparus comme bénéfiques pour l’univers de la licence.

Bien que ces scènes inédites ne soient pas présentes dans les jeux The Last of Us, elles apportent parfois des éléments de réponse ou plus concrets qu’à l’origine. Prenons d’abord exemple sur le dernier épisode de la première saison, Look for the Light, qui des explications sur l’immunité d’Ellie et sur le décès de sa mère. Ensuite, l’épisode 7 de la deuxième saison, Convergence, la scène du décès de Mel est bien plus choquante que dans TLOU 2 et son impact sur Ellie diffère aussi. Après avoir visionné ces scènes, je me rends compte que ces modifications scénaristiques permettent à la série d’être complémentaire au jeu.

Même si, pour moi, le caractère d’Ellie ne colle pas à sa version du jeu lors du tout premier épisode de la saison 2, mon avis a évolué par la suite. Au fil des épisodes, j’abordais bien la série comme un élément supplémentaire dans l’univers The Last of Us et plus seulement une simple transposition. Ces modifications scénaristiques m’ont permis de prendre du recul. À mon sens, les versions vidéoludique et télévisuelle coexistent et se complètent même parfaitement.

The Last of Us : bien plus qu’une adaptation de HBO, une série à part entière

Même si ces modifications n’ont pas toutes été bien accueillies par les fans, elles se sont avérées positives selon moi. Si les réalisateurs n’avaient pas proposé de telles modifications, ma vision de la série à l’heure actuelle serait très sûrement différente. C’est pour ces raisons que je considère qu’il s’agit d’une série à part entière et non d’une simple adaptation. Si elle l’avait été, les réalisateurs ne seraient peut-être pas sortis des sentiers battus.

Évidemment, bien qu’elle ait été agréable à regarder, elle ne détrône pas le jeu pour autant. J’ai davantage apprécié la chronologie proposée initialement dans la licence, qui compose l’essence même de celle-ci. Devoir avancer dans le jeu pour avoir des réponses à nos questions est l’une des raisons pour laquelle j’apprécie autant cette œuvre. Malheureusement, la série n’a pas été capable de proposer de telles émotions.

C’est évident, cette série n’est probablement pas au goût de tout le monde, notamment des fans qui voient trop de modifications. Mais en ce qui me concerne, ces choix entrepris par la réalisation m’ont permis de nourrir cette réflexion. La série complète le jeu, elle ne l’adapte pas uniquement. Et puis, entre nous, c’est avec plaisir que je me suis replongée dans cette aventure que j’aime tant, même si l’élue de mon cœur reste, sans hésitation, la licence vidéoludique.

— Édito proposé par Rexha