Édito | Franchisation des licences, Naughty Dog sur tous les fronts
D’abord des jeux, elles s’exportent désormais au cinéma, à la télévision, mais aussi dans les parcs d’attraction, nos bibliothèques et autres ludothèques. Uncharted et The Last of Us, les deux licences encore vivaces de Naughty Dog, connaissent un revival inattendu.
D’abord repoussée en marge, la culture geek s’impose de plus en plus comme la nouvelle Pop culture. Moi qui suis née au milieu des années 90′ et ai été biberonnée aux anime et, surtout, aux jeux vidéo par mes deux frères aînés, j’ai largement pu le constater. Alors quel plaisir, aujourd’hui, de voir que cette culture si riche et longtemps sous-estimée s’épanouir enfin auprès d’un public qui ne cesse de s’élargir.
Évidemment, les grosses firmes n’ont pas manqué d’alimenter la tendance et de surfer dessus. Nintendo en est un exemple des plus flagrant, abreuvant les générations qui se succèdent en itérations ininterrompues de jeux Pokémon, Mario et Zelda, principalement. Mais un tournant s’opère depuis quelques années, si Big N en est l’acteur le plus imposant, il n’est pas seul dans la course.
Grand et petit écrans comme point de départ
De fait, le jeu vidéo prend une ampleur toute autre, s’exportant désormais sans mal d’un support à l’autre. Nous avions bien connu des tentatives de l’imposer au cinéma et à la télévision depuis des décennies, mais la malédiction des adaptations freinait une certaine considération envers le médium vidéoludique.
Puis sont arrivées les films Sonic et Détective Pikachu, augurant un changement de cap dans la réalisation et, du même coup, l’accueil réservé aux adaptations de jeux. Ne manquait alors plus que le film Super Mario Bros. pour balayer les derniers doutes quant au potentiel de franchisation sur grand écran de nos licences ludiques.
Ben sûr, le phénomène est tout aussi palpable sur le petit écran. De ce côté, la plateforme Netflix est rapidement monté au front en distribuant les séries Arcane (League of Legends) et Cyberpunk: Edgerunners, largement saluées par la critique. Et le Big N de la SVOD ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, s’attaquant désormais à des œuvres cultes telles que Tomb Raider et Devil May Cry.
Bien conscient de la dynamique en cours, PlayStation s’est lancé à corps perdu dans l’adaptation de ses licences. God of War, Horizon, Gran Turismo, Twisted Metal, Ghost of Tsushima… Les projets pleuvent à n’en plus finir. Mais un studio semble avoir été choisi pour tester le terrain en amont.
Avec Uncharted et The Last of Us, Naughty Dog se révèle comme une pièce de choix pour expérimenter avec les exclusivités PlayStation. Et quelles expérimentations… Il aura fallu remanier maintes fois les deux projets pour enfin voir l’ère des PlayStation Productions s’ouvrir.
De fait, on se rappellera qu’il aura fallu quatorze ans pour boucler la production du film Uncharted. De même, après un projet de long-métrage avorté par les Dogs, The Last of Us a enfin pu s’épanouir sous forme de série télévisée.
Mais les deux licences ne s’arrêtent pas là. Tout comme Nintendo remplit les rayons de jouets, nous pourvois en gadgets en tous genre et a érigé un parc à thème en l’honneur de son plombier moustachu, les créations de Naughty Dog deviennent de véritables produits mainstream aux déclinaisons multiples.
Une expansion sans borne
2023 marque les dix ans de la licence The Last of Us. Bien que le studio Naughty Dog n’ait pas de nouvelles à nous apporter quant aux divers projets de suite, on n’aura l’univers post-apocalyptique habité par Ellie, Joel, les infectés, les Lucioles, la FEDRA et toutes sortes de factions est plus vivant que jamais. Quel que soit l’avenir des jeux, nous devrions en entendre parler de The Last of Us pendant encore longtemps…
Il faudra bien sûr compter sur la série TV adaptée par HBO, dont la première saison s’est dévoilée en début d’année. Nous pouvons déjà nous attendre à au moins deux saisons supplémentaires. Or, en raison des temps de production que cela demande, je pense que nous n’en serons pas quitte avant au moins quatre ou cinq ans.
Et pour accompagner l’anniversaire de la licence et l’engouement qui l’entoure, The Last of Us s’essaie à d’autres médiums. Puisqu’hier c’était Halloween, je pense forcément à l’attraction spéciale à Universal Studios. J’attends également la sortie, en 2024, du jeu de plateau officiel créé par Themeborne. Pour ma part, j’ai un autre espoir… Celui de voir d’autres comic books voir le jour, dans la continuité de American Dreams.
Quant à Uncharted, la licence a elle aussi le droit à son attraction à Port Aventura. Et pour que celle-ci continue d’avoir de l’attrait aux yeux des visiteurs, il faudra bien que le titre continue de leur parler. Mais ce ne devrait pas être un souci puisque le premier film devrait voir une suite arriver dans les prochaines années, accompagné là encore, j’imagine, du roman adapté.
Valoriser ses licences
Bien engagés dans leur lancée, PlayStation et Naughty Dog ne devraient pas s’arrêter en si bon chemin. Déjà, l’éditeur tend à préserver son image en mettant à l’arrêt la production des figurines Gaming Heads tirées de ses jeux. PlayStation est indéniablement passé dans une dynamique conquérante. La firme tend à imposer ses univers sur tous les fronts en privilégiant la qualité. Mais alors, vers quels autres marchés se tourner ?
Évidemment, le secteur du jeu vidéo reste un champs des possibles. Le consolier se fait déjà une place sur PC avec le portage de ses exclusivités. Cependant, il peine sur mobile. Je passerai les détails sur Uncharted: Fortune Hunter, disparu dans l’indifférence totale. L’adaptation de ses licences spécialement pour smartphones semble peut efficace. On peut s’attendre à ce que PlayStation optimise davantage ses jeux pour retrouver l’expérience console sur mobile.
En parallèle, je m’étonne de certains partenariats. Qui se serait attendu un jour à voir être mis en bouteille un whisky estampillé The Last of Us ? En même temps, ce choix colle relativement à l’image de la licence. Quoi de mieux qu’un spiritueux rustique pour évoquer Joel, Tommy, Jackson et le Wyoming ? Cela dénote en outre d’une volonté, là aussi, de valoriser ses œuvres, de les associer à des produits de qualité.
Et s’il fallait encore une preuve de cette ambition, j’évoquerais l’exposition The Last of Us qui s’est tenue de septembre à octobre. Pour ses dix ans, le jeu de Naughty Dog a ainsi habillé les murs de la galerie d’art Nucleus de ses nombreux concept art et de créations originales.
En définitive, PlayStation s’insinue dans tous les domaines. Pour ce faire, l’éditeur s’appuie en premier lieu sur l’image de marque et le savoir-faire de Naughty Dog. Voilà un nouveau signe de la confiance placée dans le studio californien.
Pourtant, tout n’était pas gagné d’avance. La démarche entreprise avec le film Uncharted me laissait dubitative. Le tir semble avoir été rectifié immédiatement avec une attention plus fine accordée à la licence The Last of Us. Je ne peux, dès lors, que souhaiter de voir les autres exclusivités de PlayStation s’épanouir de la même manière.
Objets ludiques, narratifs, culturels, d’art, les jeux vidéo ne sont plus un simple divertissement. Et, main dans la main avec Naughty Dog, PlayStation compte bien s’assurer que tout le monde le sache.
— Édito proposé par Aur.