The Last of Us HBO | L’équipe raconte comment elle a conçu une série « aussi réaliste que possible »

En avril dernier, le NAB Show proposait un panel spécial The Last of Us (HBO). Les membres de l’équipe technique ont ainsi pu revenir sur leurs conditions de tournage et expliquer leur processus créatif.

L’équipe de la série The Last of Us (HBO) était présent au NAB Show de Las Vegas le 16 avril dernier. Cette convention, organisée par la National Association of Broadcasters, a été l’occasion d’entendre les intervenants exposer leurs méthodes de travail en matière de photographie, de montage et de son.

Autour de leur hôte, la rédactrice tech du Hollywood Reporter, Carolyn Giardina, ils étaient donc six pour parler de la dernière superproduction de HBO :

  • Craig Mazin, co-scénariste, producteur exécutif, co-réalisateur et showrunner
  • Ksenia Sereda, directrice de la photographie
  • Timothy Good, monteur vidéo
  • Emily Mendez, monteuse vidéo
  • Alex Wang, superviseur des effets spéciaux
  • Michael J. Benavente, chef opérateur du son
Photo de la scène principale du NAB Show 2023, à Las Vegas. Les 6 personnes ayant travaillé sur la série The Last of Us (HBO) sont allignées, assises sur des chaises.
Le 16 avril 2023, l’équipe de la série The Last of Us (HBO) était invitée au NAB Show.

Craig Mazin a constitué une équipe de « fantastiques » professionnels et passionnés

En tant que fan de la licence The Last of Us, Craig Mazin tenait a réunir des personnes qui sauraient faire honneur aux jeux. Mais la connaissance exacte de l’œuvre de Naughty Dog n’était pas tellement le critère déterminant. Ce que le showrunner a écouté avant tout, ce sont les « idées » avancées par les différents candidats.

Ces gens sont fantastiques ! […]. Tous ces gens étaient absolument vitaux pour créer la série que vous avez vue.

Mazin connaissait bien le travail de certains, si bien qu’il savait quelle qualité ils apporteraient au programme. Mais, en définitive, leur vision était importante que leur portfolio.

Ainsi, il a pu rassembler à la fois des personnes qui connaissaient correctement le jeu et, surtout savaient en apprécier les qualités techniques et scénaristiques, mais aussi de véritables fans, à l’instar d’Emily Mendez, qui a pu mettre son savoir-faire au service d’une œuvre qu’elle révère.

Timothy Good a pointé l’apport bénéfique de son travail d’équipe avec une fan. Il avait déjà pu jouer au jeu, mais c’est Mendez qui a pu le guider en manière d’édition de l’image, lui indiquant quand il se rapprochait ou s’éloignait du matériau d’origine.

Emily Mendez durant le panel The Last of Us (HBO) du NAB Show 2023.
Emily Mendez, monteuse de la première saison de The Last of Us (HBO), au NAB Show 2023.

Trouver le bon équilibre entre l’inspiration et l’émancipation vis-à-vis du jeu

The Last of Us (HBO) a mobilisé deux directeurs de la photographie : Eben Bolter et Ksenia Sereda. Cette dernière était présente au NAB Show pour exposer son travail sur la série.

Elle est la première durant ce panel à aborder une des problématiques centrales en matière d’adaptation. Bien qu’elle reconnaisse la qualité du matériau de base, elle met en avant le souci de créer sa propre identité dans la série.

Le jeu en lui-même est absolument renversant. […]. Nous voulions préserver les moments iconiques. Dans le même temps, nous ne voulions pas copier exactement son identité visuelle.

Grâce au travail attentif et soigné sur le tournage, coordonné par Mazin et Sereda entre autres, les étapes de post-production ont été largement facilitées.

Michael J. Benavente explique notamment qu’il a pu travailler avec de bonnes prises de son. Mazin, qui est au fait des problématiques sonores sur de tels projets, en avait « fait une priorité ». Ainsi, il a pu produire un matériau solide qui a permis à Benavente et ses équipes d’être plus efficaces ensuite.

Dans le même ordre d’idée, Timothy Good, monteur vidéo a souligné que les rushes tournés par Sereda étaient « très solides ». En ce sens, sa tâche n’a pas été entravée par des corrections importantes. Il a véritablement pu amener l’image où il le souhaitait.

« Un rendu aussi réaliste que possible »

De la même manière que sur la mini-série Chernobyl, Craig Mazin souhaitait que « le rendu soit aussi réaliste que possible » pour The Last of Us. Mais, comme il le souligne, le résultat est surtout le fruit du travail de Ksenia Sereda. Celle-ci a ainsi fait que sorte que les moyens techniques mis en place servent cette ambition.

[…] rester au plus près des personnages, avoir un rendu et recréer un environnement véritablement réalistes était primordial.

Alex Wang, le superviseur des effets spéciaux, trouvait le « monde si beau, si immersif ». Sa tâche était de s’assurer que cela soit également le cas, en s’appuyant sur les directives de Mazin. Il s’est alors concentré sur l’environnement naturel qui s’offrait à lui.

Je voulais le moins de fonds bleus possibles. Je voulais m’approprier les lieux de tournage plutôt que de mettre des fonds bleus partout.

Photo du tournage de la saison 1 de The Last of Us (HBO) à Canmore, au Canada.
Le décor de Jackson a été monté à Canmore, au Canada. Source : Hollywood North Buzz.

Ensuite, le résultat final revient au « souci du détail » qui a guidé tout la production selon Wang. « Tout devait sembler naturel et réel », alors ils ont fait en sorte que le rendu puisse coller à leur objectif.

Craig Mazin ajoute à cela la question de la résolution de l’image. Il se rappelle comment Neil Druckmann, co-créateur des jeux The Last of Us et de la série, lui avait expliqué que la résolution était inévitablement limitée dans un jeu vidéo, en raison du calcul en temps réel de la console qui n’est pas exponentiel. À l’inverse, à la télévision, les contraintes sont moins pesantes.

Nous pouvons faire des choses aussi belles, avec la finesse de résolution que nous voulons.

La conception des infectés

Les infectés de la série sont l’exemple-même de l’étroite collaboration entre les équipes. Alex Wang insiste sur le fait que, dès la pré-production, il a été décidé de se concentrer sur les effets pratiques avant les effets spéciaux. Ainsi, le département des VFX a pu profiter des conceptions de celui en charge des costumes, prothèses, maquillages, etc.

Il prend l’exemple du colosse de l’épisode 5. Avec son équipe, ils ont pu amplifier l’impression de brutalité qu’il devait donner à l’écran. Pour ce faire, ils ont commencé par scanner la combinaison conçue par Barrie Gower pour le comédien qui incarnait l’immense infecté. Ainsi, ils ont modifié légèrement l’apparence de l’infecté et ont travaillé sur son animation.

Extrait de la série The Last of Us. Un colosse grimpe sur le sol, comme s'il sortait de terre, dans un environnement en flamme.
La bande-annonce de la série The Last of Us (HBO) a révélé un colosse de taille.

À ce titre, Mazin souligne l’importance du processus de conception de Gower. Ce dernier a pris le temps de véritablement designer les costumes plutôt que de proposer quelques croquis à reproduire entièrement en post-production. Cela a simplifié la tâche du côté des effets spéciaux pour ajuster et améliorer le rendu capturé par la caméra.

Du point de vue du son, l’équipe voulait quelque chose de « cinématographique », explique Benavente. Cela impliquait de recréer des sonorités inspirées du jeu vidéo au lieu de simplement reprendre le contenu créé initialement pour le jeu. Les ‘voix’ originales des infectés, Misty Lee et Phillip Kovats, ont ainsi été rappelées pour doubler les créatures de la série. Craig Mazin lui-même leur a prêté sa voix !

Pour Benavente, il fallait réussir à garder en tête le fait que les infectés ne sont pas des monstres par nature ; ce sont en fait des êtres humains qui ont subi des mutations après une contagion. Il fallait donc les rendre effrayants tout en prenant en compte ces éléments.

Pour leur donner un son convaincant, il explique s’être par exemple inspiré de bruits émis par une personne asthmatiques. Dans le même ordre d’idée, Craig Mazin justifie ces sons si particuliers des infectés par des congestions. Vous vous verrez autrement la prochaine fois que vous aurez une méchante bronchite.

Servir la crédibilité de l’histoire

L’exigence de réalisme ne se cantonne pas à l’environnement dans The Last of Us (HBO). Elle est aussi mise au service de l’histoire. L’enjeu a donc été de préserver le rendu visuel tout en servant le développement des personnages. Dans cette idée, Ksenia Sereda devait gérer une alternance entre gros plans, voire très gros plans, et plans larges.

The Last of Us est un road movie et une histoire d’aventures. Alors on doit voir le développement des personnages non seulement sur le plan émotionnel, mais aussi au travers de leur environnement.

Pour répondre aux enjeux technique de la série, l’équipe a parfois redoublé de moyens. Timothy Good explique par exemple que que la séquence de la salle d’arcade dans l’épisode 7 a été tournée avec trois caméras. Ce dispositif a facilité le montage par la suite et aidé à faire en sorte que la performance des comédiennes, Bella Ramsey (Ellie) et Storm Reid (Riley), « paraisse naturelle ».

The Last of Us HBO - Arcade
© The Last of Us (HBO). Saison 1, Épisode 7 ‘Left Behind’.

Un environnement de travail épanouissant

Enfin, les échanges entre les membres de l’équipe pendant le panel ont permis de souligner plusieurs fois la bonne ambiance qui régnait tout au long de la production.

Avant même de se mettre a la tâche, certains n’ont pas caché leur enthousiasme. C’est évidemment le cas d’Emily Mendez. En tant que fan, elle était ravie de rejoindre le projet sous la direction de Timothy Good. Et, lui aussi, été emballé avant même de commencer. De fait, le premier script sur lequel il a travaillé était celui de l’épisode 3, et il ne l’a pas laissé indifférent :

C’était absolument fabuleux. Rien de ce que j’ai lu auparavant ne m’a jamais affecté de la sorte.

The Last of Us HBO - Frank et Bill épisode 3
© The Last of Us (HBO). Saison 1, Épisode 3 ‘Long Long Time’.

En tant qu’homme homosexuel, Good fait comprendre que la série était aussi l’occasion de faire honneur à des communautés. C’est quelque chose que nous avions également entendu en interview de la part des comédiens Lamar Johnson (Henry) et de Keivonn Woodard (Sam).

Plus encore, en écoutant Good, on comprend combien la série s’est présentée comme un espace de cohésion et de créativité. Il a permis aussi de se perfectionner. C’est comme ça que Mendez, qui a débuté comme assistante sur le projet, a été promue monteuse à part entière pendant la production.

D’une manière générale, l’ambiance au sein de l’équipe paraît avoir été très conviviale. Emily Mendez, à nouveau, raconte que son moment préféré est la partie de Donjons et Dragons qu’ils ont pu faire tous ensemble, rassemblés autour de Craig Mazin, le maître du jeu.

Craig Mazin durant le panel The Last of Us (HBO) du NAB Show 2023.
Craig Mazin, le showrunner de la série The Last of Us (HBO), au NAB Show 2023.

Enfin, le showrunner souligne combien la série était avant tout un travail d’équipe. Des centaines de personnes ont planché dessus pour en arriver au résultat que le public connaît aujourd’hui. Tout ça a permis d’arriver au résultat que nous connaissons aujourd’hui. Un résultat duquel Mazin se dit satisfait.

Si je m’étais senti mal pendant 200 jours de tournage par rapport au travail accompli, je ne serais pas rentré chez moi ; je serais resté à Calgary.

Mais, maintenant, il a hâte de renouveler cette aventure. Comme vous le savez sûrement, la série reviendra pour une deuxième saison, voire plus. La pré-production avance quelque peu au ralenti, en raison de la grève des scénaristes aux États-Unis. Néanmoins, nous savons déjà que le tournage aura lieu dans la région de Vancouver, au Canada.

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