Il incarne Tommy dans les jeux The Last of Us. Jeffrey Pierce était l’invité il y a quelques mois du podcast The Rest of Us. Durant cette interview, il est revenu sur son expérience dans la série The Last of Us (HBO), dans laquelle il incarne Perry…

Attention, cet article comprend des spoilers majeurs à propos de la saison 1 de The Last of Us (HBO).

Jeffrey Pierce est une personnalité bien connue des fans des jeux The Last of Us. En effet, depuis 2013, il est l’homme derrière Tommy Miller, le frère de Joel. Cette année toutefois, c’est sous les traits d’un autre personnage que le grand public a pu le (re)découvrir. Dans la série The Last of Us (HBO), il incarne Perry, le fidèle bras droit de Kathleen, la cheffe du groupe de survivants de Kansas City. Retour sur la riche expérience de Jeffrey, qui a pu pleinement s’investir dans ce rôle inédit.

Jeffrey Pierce a vécu « trois semaines de tournage exceptionnelles »

Jeffrey explique que les trois semaines de tournage auxquelles il a participé étaient exceptionnelles. Celles-ci se sont tenues au début du mois d’avril 2022.

Ce plateau massif était comme dans les années 1940 ou 50 en matière de portée et d’ampleur, de ce qu’ils ont construit. Alors jouer dans ce monde, avec la maison qui prend feu tous les soirs, avec tous les cascadeurs, les hommes et les femmes, les artistes de fond qui sortent de ce trou. C’était incroyable, je veux dire, c’est tout ce dont vous rêvez en tant qu’enfant.

Il revient aussi sur la différence qu’il y a entre le tournage d’un jeu, et celui d’une série. Pour les jeux, tout se passe avec les combinaisons de motion capture, sur des plateaux spéciaux. Ici, pour la série, l’ambiance était beaucoup plus réelle puisque tout le décor avait été reproduit. Il se penche notamment sur la scène finale de Kansas City, avec les infectés qui sortent du trou, durant l’épisode 5. « Vous pouviez entendre le feu crépiter en arrière-plan, et tout était silencieux. Puis tout d’un coup, ils sortaient de ce trou en rugissant, et à chaque fois c’était incroyable » conclut-il.

Au total, il estime qu’il devait y avoir entre 75 et 80 acteurs environ pour incarner les infectés. Ainsi, même si beaucoup d’effets spéciaux ont été utilisés, il considère qu’« une grande partie a été construite à partir du travail pratique que tout le monde a fait ».

Un colosse inoubliable pour Jeffrey Pierce

Avec un peu d’humour, Jeffrey explique que le plus traumatisant pour lui a été de voir Adam Basil courir vers lui avant de l’attraper ! Cet acteur et cascadeur est l’interprète du colosse, et portait donc le costume de plus de 35 kilos à l’effigie de ce monstre.

Il fait également part d’une anecdote pour le moins… inattendue !

La meilleure partie [à propos du colosse], ce sont ses fesses. Personne n’a partagé de photos de cela, mais c’était la chose la plus drôle que vous avez jamais vue de toute votre vie. C’est comme un mignon petit cul angélique, mais avec, comme vous le savez, des cloques et des excroissances fongiques.

Des scènes coupées à Kansas City ?

Une scène entre Kathleen et Perry, qui se frayaient un chemin dans la rue infestée, a été tournée mais pas intégrée au résultat final. Jeffrey ne sait pas pourquoi elle a été retirée, mais il estime que c’est probablement afin que l’ensemble reste plus cohérent. Il estime que l’action se concentre déjà sur Ellie et la fillette infectée dans la voiture, ce qui arrive à Sam et Henry, ainsi que Joel et le fusil.

Il ajoute également son ressenti par rapport au temps d’écran dont bénéficient Kathleen et Perry.

Ça aurait été possible de faire quatre heures à Kansas City, et de très bien raconter cette histoire. Je pense que l’une des meilleures choses que j’ai apprises en tant qu’artiste, c’est que nous sommes là pour servir l’histoire. Quand vous faites confiance aux personnes qui racontent les histoires, c’est beaucoup plus facile de suivre la trajectoire. J’aurais aimé faire quatre heures sur Kathleen et Perry, et ce qui s’est passé avant, mais ça n’aurait pas servi la vue d’ensemble.

Perry, un personnage construit par Jeffrey Pierce

Jeffrey explique qu’il a eu une grande liberté pour son interprétation de Perry. En effet, s’agissant d’un personnage inédit dans le monde de The Last of Us, peu de spécificités étaient imposées. Il a donc eu la possibilité de définir son histoire, sa garde-robe, ses armes. Il précise qu’il proposait ses idées aux équipes créatives, notamment Neil Druckmann, et que ceux-ci se montraient très coopératifs.

L’honneur comme manière de vivre

Qui de mieux que Jeffrey pour nous présenter le sens des actions de son personnage ? Il revient ainsi sur le choix de Perry de se sacrifier en attirant l’attention du colosse sur lui. D’après Jeffrey, il n’avait pas d’autre option.

Si je pouvais attirer [le colosse] vers moi, [Kathleen] pouvait s’échapper. [Perry] aime Kathleen, de même que le reste de son équipe. Vous savez, c’est son équipe. Il doit y avoir ce genre d’hommes et de femmes de première ligne, et c’est son opportunité de mourir avec honneur. Je veux dire qu’il n’y avait pas d’autre choix pour lui, car s’il n’empêche pas [le colosse], ce dernier va tuer la femme qu’il aime et les personnes qu’il a, en quelque sorte, prises sous sa responsabilité, et donc il fait cette chose honorable. Toute ma base pour lui était cette sorte de mythologie du rōnin, du guerrier qui a perdu son but et l’a ensuite trouvé. C’est donc le seul choix qu’il pouvait faire dans ce moment, en étant la personne qui attire le colosse à lui.

Pour information, un rōnin était, dans le Japon médiéval, un samouraï sans maître. Pour certaines raisons, des samouraïs pouvaient en effet se voir exclus de la société japonaise féodale. Devenant alors des sortes de « parias », ils devaient trouver un nouveau métier, une nouvelle voie. S’ils étaient généralement méprisés et discriminés par les samouraïs, certains rōnin parvenaient à se créer une réputation, et à gagner le respect de tous. C’était par exemple le cas de Miyamoto Musashi.

Ni bon, ni mauvais

Pour Jeffrey, il n’est pas judicieux de considérer Kathleen et Perry comme des méchants.

Perry et Kathleen ont fait de mauvais choix, mais dans un sens, ils ont juste tué tous les nazis de la ville. Ils ont gagné, ils ont exécuté tous les nazis qui restaient, puis ils ont tué toutes les personnes qui avaient collaboré avec les nazis. Il y a beaucoup de zones grises.

Pour mettre ces actions en perspective, il reprend les mots que dit Henry à Joel à propos de ses actes passés : « C’est moi le méchant parce que j’ai fait un truc atroce ». Sommes-nous forcément méchant parce que nous faisons quelque chose de méchant ? Pour Perry et Kathleen, Henry était mauvais, ce qui n’est pas forcément le cas d’après d’autres personnes. Ce sont de ces zones grises que parle Jeffrey.

À deux doigts d’être tatoué

L’histoire de Perry est, d’après Jeffrey, celle d’un Marine dans les années 90, ensuite devenu « BUD/S » des Navy SEAls en 1997. En 2002, il aurait servi en Afghanistan et en Irak, avant d’être transféré aux PJs, autrement dit les « pararescuemen », rattachés à l’« United States Air Force Pararescue » (UASF). La devise des PJs est « These things we do, that others may live », et qui peut être traduite par « Ces choses que nous faisons, que d’autres puissent vivre ». Leur emblème est un ange avec ses bras enroulés autour de la Terre.

Ainsi, Jeffrey avait en tête un Perry tatoué, avec des symboles qui auraient représenté son parcours. Il imaginait par exemple sur un bras, un dragon japonais sur l’extérieur, et un casque de samouraï avec un crâne sur l’intérieur. Sur le second bras, il envisageait justement l’emblème des PJs.

Mais malheureusement, ces idées n’ont pas pu aboutir pour des raisons de praticité.

Greg et Jeremy et Neil étaient comme « C’est vraiment cool, mais nous ne les verrons jamais, et ça va prendre 45 minutes de plus chaque jour, et les cheveux, et le maquillage. Malgré que nous aimerions les intégrer, on ne va pas faire ça ».

Quoi qu’il en soit, Jeffrey imagine aujourd’hui de se faire tatouer lui-même, et il a visiblement déjà un motif en tête ! Il pourrait donc suivre ce que Neil Druckmann et Craig Mazin, les créateurs de la série The Last of Us (HBO), ont fait il y a peu de temps.

Jeffrey Pierce : Tommy dans les jeux, Perry dans la série

Une expérience incroyable

Durant 10 ans, Jeffrey a eu l’occasion d’incarner Tommy, le frère de Joel. Il a participé au premier opus de The Last of Us, mais également à The Last of Us Part II. Après tout ce temps, il quitte Tommy pour jouer Perry dans la série. Il s’agit d’une transformation importante pour l’acteur.

Jeffrey explique que cette expérience sur la série était incroyable, notamment grâce à la liberté d’interprétation qu’il avait. Il précise également que, pour lui, « Tommy avait une fonction très spécifique et Perry avait une fonction très spécifique ». Il marque ainsi une vraie différence dans l’appréhension de ces deux rôles.

Mais cette expérience a été incroyable pour une autre raison également.

Je pense que ce qui était magique, c’était que quand je me suis présenté sur le plateau, tout le monde savait que j’avais joué Tommy. Il y avait cet accueil, cette espèce d’attention qui a été exprimée, du fait de leur attachement à mes performances en tant que Tommy. Cela a servi de base à tout ce que j’ai fait avec Perry, donc les deux choses s’imbriquent dans cette magie. La manière dont j’ai été accueilli dans ce monde aurait été difficile à atteindre si je n’avais pas joué Tommy. Tous ceux qui étaient sur le plateau au moment où je suis arrivé, s’ils n’étaient pas déjà fans du jeu, ils y avaient joué entre le début de la production et mon arrivée, donc c’était comme rencontrer 250 nouveaux meilleurs amis, c’est vraiment spécial.

Il précise enfin que, pour lui, la relation entre l’équipe et le casting est un véritable moteur. Tout le monde est poussé dans la même direction, et l’énergie qui en découle est ce qu’il préfère dans son métier. « Ce sentiment sur le plateau, c’est quelque chose que j’apprécie plus que tout dans le travail, dans cet univers » dit-il.

Gabriel Luna, un nouveau Tommy pour la série

Gabriel Luna a rejoint l’univers de The Last of Us à l’occasion du tournage de la série par HBO. En effet, il est l’acteur qui incarne Tommy dans cette adaptation. Si lui et Jeffrey ont pu échanger sur Twitter, ce dernier n’a pas donné de conseils au nouveau venu : « ça aurait été la chose la plus irrespectueuse que je puisse faire » estime-t-il.

Je fais implicitement confiance à Neil, et je sais qu’ils ont passé beaucoup de temps à essayer de trouver le bon match pour Pedro. Quand ils ont trouvé Gabriel, ils étaient comme « oh ouais, c’est le bon ». J’ai vérifié avec diligence, et il avait tout ce que je pensais être important pour Tommy.

Pour Jeffrey, l’acteur incarnant Tommy devait être chaleureux d’une certaine manière, pour marquer la rupture qu’il y a avec Joel. D’après lui, la perte de Sarah, la nièce de Tommy, l’a profondément affecté. Toutefois, ne s’agissant pas de sa fille, il a pu trouver la force de guérir et de surmonter cette épreuve, contrairement à Joel. C’est ce qui explique la séparation de leurs chemins selon lui.

Enfin, il livre quelques commentaires quant à son appréciation de la performance de Gabriel Luna.

Je ne m’attendais pas à ce que [Gabriel] traite [Tommy] comme un biopic, et c’est ce qu’il a fait en essayant vraiment de le traiter comme s’il s’agissait d’une personne vivante, qui respire, et donc ça m’a époustouflé. Et puis il est tellement beau ! Quand tu le vois comme ça avec le Remington, tu te dis « c’est un mauvais mec » ! Je suis incroyablement honoré que ce soit ce que Tommy est devenu, parce que cela comprend tout ce que j’ai apporté sur la table, et davantage encore.

Perry et Tommy : les deux faces d’une même pièce ?

Quand l’un des hôtes de l’émission souligne un parallèle entre Perry et Tommy, Jeffrey acquiesce. Pour lui, certaines personnes sont nées pour être des leaders, et d’autres sont plutôt faites pour les suivre, pour les épauler. C’est selon lui le cas avec Perry pour Kathleen, et Tommy pour Joel. Il pense malgré tout que « c’est un défaut de suivre ».

L’intervieweur évoquait que dans les deux cas, Perry et Tommy étaient prêts à soutenir leurs proches, et ce, quelles que soient les circonstances. Ils les suivent, même s’ils peuvent parfois avoir des doutes quant à leurs actions. Pour Jeffrey, la relation entre Perry et Kathleen peut également être comparée à celle de Bill et Frank. Il pense que d’une certaine manière, Perry est Bill, mais qu’il est également Frank.

Il conclut alors en disant que :

Toutes ces dynamiques font également écho, de manière plus poussée, à la saison 2. Je pense que la relation qu’entretient Kathleen avec la vengeance pointe vers Abby et Ellie dans la saison 2. Ce sont des fils de l’expérience humaine.

Une équipe passionnée d’après Jeffrey Pierce

Cynthia Summers, une costumière de talent

Durant l’interview, Jeffrey Pierce revient sur le travail réalisé par Cynthia Summers, la costumière de la série The Last of Us (HBO). Il avait déjà eu l’occasion de travailler avec elle sur le tournage de la série américaine The Tomorrow People, dans laquelle il a joué. Il raconte donc son vécu lors de son arrivée pour les essayages, quatre jours avant le tournage.

[Pour les essayages], nous sommes entrés dans cet entrepôt où ils devaient avoir, je ne sais pas, un millier de costumes pour tout Kansas City ! Toutes les tenues tiennent leurs sources du jeu, [Cynthia] a cherché et trouvé des costumes qui correspondaient au jeu, mais qui devaient avoir été faits avant 2003. Il y en avait des étagères, et des étagères. Chaque personne a été parfaitement habillée, tous les costumes qu’ils avaient créés pour le jeu aussi ont été réussis. La quantité de sueur, et de sang, et de travail qu’elle et son équipe ont mis, pour correspondre avec fidélité au jeu, était remarquable. C’est comme si c’était sans couture, c’est tellement parfait !

Y mettre tout son cœur

Jeffrey souligne l’attention de tous les participants au projet. Il estime que dans de telles productions, ce n’est pas que l’argent qui permet d’obtenir ce résultat.

Je sais combien de sueur et de sang il faut pour concrétiser quelque chose. Il faut un temps ridicule pour faire de petites choses, alors de les voir construire 16 maisons, et couler de l’asphalte pour la rue, c’est incroyable. Ils l’ont fait parce que l’équipe a adoré le jeu, ils ont pris ces postes parce qu’ils ont joué au jeu.

Il raconte qu’il est allé, en décembre 2022, à une convention pour la première fois de sa vie. Pour lui, c’était quelque chose de particulier d’interagir avec des personnes qui ont joué à The Last of Us lorsqu’elles avaient 12, 13, 14 ou 15 ans et qui, 10 ans plus tard, sont devenues des adultes. Il constate que les questions que pose le jeu les ont profondément impactées. Il pense qu’il en est de même pour toute l’équipe de tournage… et pour lui également.

J’ai tendance à oublier à quel point cette expérience est puissante, et pas que pour moi. Quand je joue aux jeux, c’est comme s’ils me détruisaient et j’adore ça, c’est fantastique ! J’oublie le niveau d’expérience que tout le monde a avec cette interaction. Le fait que les gens regardent maintenant la série, alors qu’ils n’auraient jamais envisagé de jouer à un jeu, et que maintenant ils se font frapper de la même manière… J’ai hâte de voir la saison 2 !

Un casting qui aurait pu rester identique ?

Durant l’interview, une question quant au casting a été posée à Jeffrey : a-t-il été envisagé, à un moment donné, de conserver tous les acteurs du jeu pour reprendre leurs rôles dans la série ? Il répond alors que oui, ça aurait pu être le cas dans une certaine configuration !

Je pense qu’il y a eu un bref moment où il y avait une option pour faire une série animée, avec motion capture. Si cela avait été le cas, je pense que toute la distribution originale aurait été reprise. Mais c’est venu, et puis c’est parti, donc nous ne le saurons jamais !

Et vous, auriez-vous aimé une série animée par motion capture pour The Last of Us ? Et qu’avez-vous pensé de la prestation de Jeffrey Pierce en tant que Perry ? N’hésitez pas à nous le dire en commentaires ! Vous pouvez également suivre Naughty Dog Mag’ sur les réseaux : YouTube, X (Twitter), Facebook, Instagram, Discord et Threads.

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